Obsèques de Johnny Hallyday : comment et pourquoi j’ai été touchée.
Peut-être avez-vous été surpris de vous retrouver tout attendri puis impressionné puis touché plus que de raison pendant la retransmission des obsèques de Johnny à la TV, ce samedi particulièrement ensoleillé du 9 décembre dernier ?
Peut-être, à la suite, comme moi, vous avez vous entrepris une quête de vérité à propos de cet homme, de cet artiste en écoutant bons nombres d’interviews, de films dans lesquels il apparaissait… Ou simplement en réécoutant ses chansons ?
Nous avons assisté, contre toute attente, à un véritable phénomène de communion nationale derrière cette figure emblématique que représente Johnny.
A l’image de cette autre liesse populaire qui a accompagné la victoire de l’équipe de France de football lors de la coupe du monde en 1998 ; qui se reconnaissait dans une France « Black Blanc Beur ».
Ce jour là, la France avait « Quelque chose de Johnny », s’y est retrouvée pour quelques jours, quelques mois, pour de nombreuses années…
Alors pourquoi une telle émotion, un tel consensus autour de cet homme ?
Tout simplement parce que chacun de nous, pour peu qu’il ait accepté de s’ouvrir à ce moment particulier de partage qu’ont été ses obsèques a pu se trouver en résonnances avec un certains nombres de thèmes universels :
Les thèmes rencontrés :
Le deuil et son chagrin voire son déni : se confronter à la réalité /matérialité du cercueil, communion dans la peine (de la perte) et la joie (de la mémoire vivante), soit directe soit par résonnance. Soit la perte directe, soit la peine par « contamination », c’est à dire en échos ou résonnances.
L’abandon paternel/maternel : Johnny comme modèle de résilience (par opposition à son père)
La construction identitaire : idéal du moi (les identifications aux modèles), apports des parents symboliques (de substitution), construction des valeurs.
Les modèles qui l’ont construit et lui-même comme modèle inspirant.
La régression offertes par la qualité de présence (d’amour) des concerts : régression collectives archaïques : nostalgie de la fusion avec la mère
Les valeurs et leur transmission : simplicité, humanité, intégrité, humilité, professionnalisme, loyauté…
Mais aussi avec :
L’universalité de ses textes et de ses chansons :
L’animalité (sa voix, les paroles), l’amour/haine, la sexualité (que je t’aime), la tendresse (Quelque chose de Tennesse), la joie (Laura), les peines et autres souffrances (Marie) : tout cela parle de nos désirs, de nos besoins, de nos pulsions (allumer le feu) et de l’intégration des opposés qui permet la construction de soi/l’autre, de l’être.
La question de l’autre (entre exclusion ou intégration) :
Le groupe qui accueille ou rejette : les élites intellectuelles contre le « peuple »
La capacité de faire se rejoindre les extrêmes : un idéal d’intégration ?
Le discours qui fait l’homme ou le défait :
Les médias qui l’ont stigmatisé (« Ah que coucou », le mariage d’un homme « plus tout jeune » avec une femme de 30 ans sa cadette…).
J’ai découvert, pour ma part rencontré un homme sensible, intelligent, porté par des valeurs, blessé, vivant, soutenu et soutenant.
… Et des fans aussi contrastés que lui-même l’était, aussi touchants et touchés.