Psychothérapie de groupe et psychodrame – le psychodrame, qu’est ce que c’est ?
Cette technique est une alternative à la pratique traditionnelle de la psychanalyse où le patient se trouve dans une position passive, souvent impuissant, et face au vide.
Avec le psychodrame, on passe de deux personnes passives à deux ou trois (voire plus) personnes en mouvement. Le but est que le patient retrouve les éprouvés douloureux qu’une situation a provoqués en lui pour ensuite les faire évoluer selon un protocole et un cadre bien précis et toujours sécurisant pour chacun.
La psychothérapie de groupe et le psychodrame sont un moyen de « donner de la chair à la parole ». Drama, non pas pour drame mais pour action : le corps est mobilisé dans son entièreté, un moyen de faire advenir de l’ancien et du nouveau sans rester au niveau du mental… Qui a tendance à tourner en boucle.
« Il s’agit de faire bouger ce qui est resté figé et ne trouve pas d’issue. »
Comment ça marche ?
Le patient choisit un rêve, un fantasme une émotion, une réalité. Comme cette femme qui se trouve mal rien qu’à l’idée de rejoindre à table son mari et sa belle-sœur, en conflit ouvert (…).
Le patient raconte la scène de façon la plus précise possible. Il décrit les protagonistes, leur comportement pour que chacun des autres participants (appelés moi-auxiliaires) puissent s’identifier à minima. Les protagonistes du psychodrame n’ont pas besoin de jouer parfaitement le rôle qui leur est attribué. Leur simple présence est déjà activante. Ils sont du reste libres d’accepter ou de refuser de jouer telle ou telle scène.
Dans le jeu, l’inhibition tombe, la création surgit.
Il y a activation du mode pré-conscient. On peut tout jouer, tout s’autoriser à exprimer contrairement à la vie de tous les jours – sauf passage à l’acte violent ou sexuel, bien sûr.
Le meneur est gardien du moi du patient pendant la durée du jeu.
La plupart du temps, lors des échanges de rôles, on est surpris de réaliser que l’on joue mieux le rôle de l’autre protagoniste que le sien propre ; ce qui montre à quel point nous sommes imprégnés par les imagos ou autres images archétypales, inscrites dans l’inconscient.
À la fin de la séquence, nous ménageons toujours un temps de récupération pour le héros et un temps d’écho (ou de résonnance) pour les moi-auxiliaires et les autres patients ayant assisté au travail.
Pour qui ?
– Pour les personnes qui se trouvent dans des situations inconfortables, voire insupportables et peinent à en sortir, souvent des répétitions de scénarios.
– Pour les personnes en capacité d’accepter de jouer le jeu, c’est à dire de lâcher le mental.
– Pour les personnes qui n’avancent plus dans leur thérapie.
– Pour les personnes qui peinent à symboliser, à ressentir, qui ont trop ou pas assez d’imaginaire.
Pour quoi ?
Pour découvrir les rôles inconscients qui nous habitent : pour découvrir que ce que l’on ressent face à sa belle-fille, c’est finalement la même chose que l’on ressentait face à sa mère.
Le psychodrame est une porte d’entrée pour connecter une souffrance ancienne que l’on pourra ensuite traiter : en découvrir les enjeux, et les manques, les besoins non satisfaits… Pour ensuite les traiter.
En connectant des sensations, des émotions que l’on pensait étrangères à nous, on libère une énergie jusque là refoulée, comme cet homme qui se surprend à jouer parfaitement le rôle du voisin horripilant, ou cet autre qui n’a jamais pu parler à son père de cœur à cœur et qui peut enfin le faire… de façon symbolique.
Dans la psychothérapie de groupe et le psychodrame, l’inconscient, non seulement ne connaît pas le temps, mais il ne fait pas la différence entre le réel et le symbolique. Donc c’est comme si ce dernier parlait réellement à son père (non le père réel mais le père « à l’intérieur de lui » ; les éprouvés corporels et émotionnels en témoignent.
Tout se qui s’éprouve puis s’élabore dans ce type de travail s’inscrit dans le corps physique et psychique.
Ensuite a lieu un retour sur l’expérience, une élaboration.
Pour quels résultats ?
Le psychodrame est un accélérateur de thérapie : une séance commence et finit toujours par la parole. Au milieu, quand cela « patine », rien de mieux qu’un travail avec le corporel pour débloquer et avancer comme ici, avec le psychodrame.
Le psychodrame offre la possibilité de se projeter dans les projets à venir, de changer les scénarios sclérosés grâce aux nouvelles inscriptions dans le corps. Winnicott parle d’actualisation d’une partie de nous qui était en souffrance, inhibée, inactive du fait de la culture (familiale et autre) qui nous a construit.